Reneimoise depuis 2017, référente de son quartier et bénévole dans l’association Saint Georges Patrimoine, Françoise Moine a été élue maire de son petit village en Bourgogne, de 2008 à 2016. Ses racines, ses valeurs et l’exercice de nombreux métiers, l’engage aujourd’hui encore dans l’action et les rencontres. Elle s'exprime également sur certaines attitudes non constructives et sur l'intérêt général de fusionner les bonnes intentions, ou pour le moins les rapprocher. Rapport d'étonnement et interview d'une citoyenne engagée et clairvoyante !
Le rapport d'étonnement est un document qui vise à récolter les premières impressions d'un nouveau collaborateur au cours de son intégration, concernant le fonctionnement de l'entreprise. C'est un bel outil pour prendre du recul, valoriser les atouts et identifier les axes d'amélioration …
C'est un peu ce que le Blog citoyen de St Georges réalise pour notre commune depuis plus de 3 ans avec sa ligne éditoriale et ses 300 articles, et que Françoise Moine nous expose ici.
Françoise Moine, quel est votre parcours ?
Je suis née en Haute-Savoie, d'un papa qui travaillait chez Péchiney. On n’ a pas mal bourlingué et déménagé. Je me suis mariée assez tôt et j'ai vécu dans la région lyonnaise une vingtaine d'années. Comme cela arrive hélas quelquefois dans un couple, je me suis séparée pour m’installer en Bourgogne et mettre en pratique tout ce que j'ai appris dans ma vie et que j’ai reçu de mes parents.
Quels métiers avez-vous exercé ?
J’ai commencé comme antiquaire et j’ai ouvert un magasin de décoration avenue de Saxe à Lyon. J’ai géré ensuite un restaurant qui appartenait à la maison Orsi. J'ai longtemps cherché ce que je voulais faire vraiment dans ma vie et comme j’avais fait une formation d'assistante vétérinaire, je suis allée me mettre à la campagne en Bourgogne.
Qu’est-ce qui vous attire à la campagne et dans la vie ?
J'aime bien les vaches, et j’aime surtout les gens, parler avec eux, partager un peu leur vie ! C'est sans doute grâce à mon éducation. J'ai eu des parents qui étaient très ouverts, un papa qui avait beaucoup d'aura, une belle personne comme on dit aujourd’hui. Il a eu les Palmes Académiques, il s'est occupé des plus jeunes, il savait discuter avec les gens, il était directeur d'usine …
Il m'a appris le consensus et l'union, parce que tout seul on ne fait rien. Tout cela est encore mon moteur dans ma vie !
Vous avez transformé une ferme en chambres d’hôtes !
Françoise devant sa maison en Bourgogne
Quand je suis arrivée en Bourgogne, dans le petit village de Thomirey, j’ai voulu exercer et mettre en pratique plusieurs métiers et savoir-faire.
J'ai donc rénové une maison et j'ai dû m'adapter à tous les corps de métier. Voir avec chacun d’eux ce qu'on pouvait en tirer et les mettre en accord, cela n’a pas été facile. De gérer une équipe, de les faire travailler ensemble, les uns avec les autres et pour un même objectif, est un défi quotidien et cela en vaut la peine.
Avec mes 3 filles, comme on portait le nom de Moine, nous avons appelé notre maison “La Monastille”, mais très loin de l'idée d’un Monastère austère !
J’ai tenu ces chambres d’hôtes pendant 20 ans et je faisais aussi table d'hôtes. Ainsi, j’ai rencontré beaucoup de monde et j’ai pu apprécier les différentes façons de faire et de penser. Tout n'est pas blanc, tout n'est pas noir, il faut s'adapter.
Il faut dire aussi que je suis un peu entière mais que je fais des efforts pour faire preuve de diplomatie !
Vous avez réussi à renverser le Maire de votre commune !
C'était un petit village où il y avait 58 habitants et 2500 vaches. Tous étaient bien traités et il m’arrivait même d’aller aider certains agriculteurs quand il y avait des vêlages (encore le partage des choses de la vie).
J’ai donc bien sympathisé avec la population, et quand j’ai constaté que notre maire avait fait quatre mandats, je me suis dit que c'était temps de changer, et qu’il fallait du sang neuf. Je me suis présentée, contre ou à côté de lui, et j’ai été élue au premier tour !
Madame le Maire en cantonnier du petit village de Bourgogne
Dès le départ, pour encourager mes deux adjoints à travailler en équipe, j'ai partagé mon indemnité de maire avec eux. Il y a quand même pas mal de choses à faire et donc c'est parti comme ça avec mon premier mandat.
Je l'ai un peu regretté parce que l'aide qu’on m’avait promise s’est transformée en reproches de toutes sortes (pourquoi tu as pas fait ça, y'a qu'à, faut qu’on …)
Pour mon deuxième mandat, j'ai été un peu plus directive. Les discussions qui ne servent à rien et les conseils municipaux qui durent ce n'est pas mon truc ! Quand on a un projet, on en discute, on analyse le pour et le contre, et on le fait (on agit).
Pendant mon mandat, j’ai fait réaliser la réfection du toit de l'église ainsi que deux logements sociaux dans le cadre de cœur de village. J’ai entamé la réhabilitation d’une place très ancienne avec un vieux lavoir (qui traitait le chanvre autrefois), avec un verger de fruits rouges, ainsi qu’un terrain de boules pour les anciens et les plus jeunes. Enfin un lieu de rencontre pour les villageois a été créé (le partage toujours).
Françoise à l'école de la République
Vous avez sûrement une anecdote en tant que maire ?
Avec le gîte et la mairie, j’ai travaillé de 5h du matin jusqu'à 23h non stop. Vous devez répondre aux sollicitations de vos clients et aussi de la Gendarmerie locale. Ces derniers m’ont appelée un soir tard, car il y avait une bande de vaches qui trainaient autour de la Nationale 6. Comme les Gendarmes étaient à Dijon, le temps d'arriver, on risquait de voir une des Marguerites s’écraser contre un véhicule. J’ai donc pris ma lampe torche et un bâton pour mettre le troupeau dans le premier champ venu et fermer la barrière. Le lendemain matin, au réveil, le paysan débarque chez moi pour me reprocher d’avoir mis dans SON pré, les vaches qui mangeaient SON herbe …
Françoise Moine, en devoir de mémoire dans le village de Thomirey (58 habitants)
En 2017, vous prenez votre retraite et vous venez vous installer à St Georges sur le chemin des vignerons
Je connais bien la région Lyonnaise, j’ai vécu 20 ans à St Didier au Mont d’or et une de mes 3 filles habite Lyon. J’avais encore un peu de bouse au pied et j’avais envie de rester quelque peu à la campagne. J’ai donc tracé un cercle de 30 km autour de Lyon, et après avoir visité quelques maisons, y compris dans la Bresse que j’aime bien, je suis tombée par hasard sur celle de St Georges.
Sur ce chemin des vignerons, on peut dire que j’ai été très bien accueillie et pas par n’importe qui ! Le Maire honoraire de St Georges (Jean Louis Bellaton, en photo de couverture) et l’ancien sélectionneur de l’équipe de France de Football (Jacques Santini) …
Il a fallu bien sûr aménager la maison à mon goût, régler les problèmes d'inondation dans le garage et traiter les fossés le long de notre chemin des vignerons.
Aujourd’hui, c’est la vitesse des véhicules qu’il faut absolument freiner dans nos hameau. Mr le Maire honoraire, avec une lettre pour risques et dangers causés à autrui, a convaincu la Mairie d'installer des chicanes amovibles. Une réunion est programmée bientôt pour faire le point, et je reste attentive aux actions qui seront menées.
Vous restez toujours très active et au service de votre quartier !
Oui, plus que jamais. Suite à une démission, j’ai rejoint les référents de mon quartier qui se réunissent trop peu (2 réunions en 2 ans). Je fais remonter de nombreux dysfonctionnements, comme l’éclairage de nos routes, les boîtiers électriques grand ouvert et les fils qui pendouillent sur lesquels on pourrait étendre le linge …
Je repense également à la première réunion de quartier du 28/4/2022, où une jeune fille a posé la question d’un abri bus pour protéger les enfants, et une autre personne qui s’est interrogée sur le maintien de la boîte aux lettres de La Poste dans le quartier. Aucune réponse concrète n’a été donnée … [voir le suivi des demandes identifiées par le Blog citoyen]
Vous avez rejoint la nouvelle association Saint Georges Patrimoine ?
Oui, ça c'est formidable. Là vraiment je suis très contente, parce que c'est une façon pour moi de participer à la vie du village et de rencontrer de nouvelles personnes. L'idée est de rénover des choses qui sont jolies à Saint-Georges. Il faut déjà les chercher et les mettre en évidence. Je me suis baladée quelquefois en bord de Saône et c’est vraiment apaisant. Du côté de Villefranche, Belleville et surtout Montmerle, c’est magnifique et c’est bien entretenu.
Cela va être le cas à St Georges, car lors des premières réunion de l’association on a décidé de s’occuper des perrés de Port-Rivière (site classé du Val de Saône), du monument aux morts Emile Guyot sur la place de l’église, du lavoir de Roffray, du petit pont romain du Bois de Laye, sans oublier les croix des chemins de St Georges et les plaques de cocher …
L’ambiance est sympathique, on est 8 ou 9, une personne s’occupe du café et du pique-nique de midi et les services techniques de la mairie fournissent les échafaudages, les pioches et la peinture.
Il faut aussi que les habitants se prennent en charge !
Les services techniques de la Mairie ne peuvent pas tout faire. Quand les fossés de votre chemin sont bouchés par de la vase, cela ne coûte rien de prendre sa pelle, son seau et à évacuer tout ce que peut l’être. C’est la même chose quand vous avez une flaque d’eau devant chez vous, une haie à tailler ou des détritus.
Je reviens sur mes expériences passées, et la trop grande facilité de certains citoyens à rejeter leurs responsabilités : ce n’est pas moi, ce n’est pas de ma compétence, c’est l’autre et on ne m'a pas dit … Sans doute une mauvaise habitude ou la peur de l’autre ?
La vie associative, engagée et bénévole, c’est justement tout le contraire. On prend la place de personne, on donne de sa personne et on apprend à mieux se connaître. On ne peut pas être du même moule, on est tous différent. C’est avec les qualités propres de chacun que les choses peuvent progresser.
Je vais quelques fois avec plaisir à la bibliothèque municipale.
Les bénévoles font un travail remarquable et discret au service de la population, des enfants en particulier, et entretiennent une culture et un savoir indispensable pour toutes les générations.
La communication à St Georges, qu'en pensez-vous ?
Il y a quelque chose de surprenant et d'étonnant dans notre village, c’est l'existence de deux blogs ou deux plateformes de communication. L’un fait avec des citoyens bénévoles, l’autre fait avec des élus municipaux et des professionnels. Il me semble que l’on pourrait fusionner les deux, ou en tout cas les rapprocher. Les deux ont des contenus intéressants et complémentaires …
Vous vous ressourcez dans votre jardin et aussi en Bretagne ?
Mon cœur est en effet un peu partagé entre mon petit jardin à St Georges et la plus grande île de Bretagne. J'ai la chance d'avoir une maison par mes parents à Belle ile en mer. Il faut traverser la France, et on s’y retrouve avec mes filles et mes petits enfants, qui viennent de Lyon, de Bordeaux et de Paris.
On se ressource mutuellement avec la mer, la pêche et la campagne …
La campagne toujours !
Nous adressons nos compliments à Françoise Moine pour ses engagements et nous lui souhaitons de belles fêtes de fin d’année, comme à tous nos lecteurs !
Si vous aussi, vous avez des projets ou des expériences citoyennes à partager, écrivez-nous sur BlogStGeorges@gmail.com
Merci pour vos voeux et ce bel article ! Joyeuses fêtes de fin d'année !
RépondreSupprimerArticle intéressant qui témoigne de la vie d'un maire rural ...
RépondreSupprimerToutefois, l'idée de fusion du Blog avec le site d'information de la Mairie me paraît d'une naïveté déconcertante. Le Blog est un lieu où la liberté d'expression s'exerce, y compris lorsqu'on souhaite alerter sur certaines carences de notre institution municipale : c'est tout son intérêt.
Ce serait évidemment tout autre chose si c'était un vecteur commun.
Bonnes fêtes de fin d'année. JL
Je tiens a remercier madame Moine pour l aide quelle apporte à l association du patrimoine et au village de st Georges dont je fait parti Bonnes Fêtes de fin d anne
RépondreSupprimerJean-Louis Bellaton nous a confirmé "qu'il a fait restaurer en son temps (et sauvé) tous les perrés et plans inclinés de Port-Rivière qui est dans un site national classé. Idem pour la magnifique Grange du Diable qui s'écroulait, toit effondré, qui appartient désormais à la commune ..."
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