La confédération paysanne fait son marché devant E.Leclerc 👩‍🌾👨‍🌾


Ce jeudi 15 février 2024, la confédération paysanne a organisé un marché de produits fermiers sur le parking E.Leclerc de St Georges. Cette manifestation pacifique et conviviale avait pour but de faire connaître une autre forme d’agriculture, proche des territoires et plus protectrice de notre environnement. Notre expert en ce domaine a été interviewé par une chaîne locale, et en ce début du salon de l’agriculture à Paris "agité", il nous propose quelques pistes de réflexion.


La crise agricole : des solutions alternatives au modèle dominant


A la suite des manifestations agricoles de fin janvier, le gouvernement a décidé une série de mesures portant sur la simplification administrative, le contrôle et le respect des dispositions de la loi EGALIM sur les prix des produits agricoles, et la réduction des contraintes pesant sur les exploitations. 

Malheureusement, cette dernière disposition a pour effet d’alléger les contraintes environnementales et de suspendre le plan de réduction des pesticides.

Au cours de ces derniers jours, le syndicat agricole dominant, la FNSEA, a menacé de reprendre les manifestations si les mesures n’étaient pas mises en œuvre plus rapidement.


A contrario, les organisations environnementales protestent contre la remise en cause des mesures de protection de l’environnement et de la santé des consommateurs. Non seulement on reporte le plan de réduction des pesticides, mais on autorise pour 10 années supplémentaires, le célèbre herbicide glyphosate dont plusieurs études scientifiques démontrent pourtant la dangerosité.

Pendant ce temps, les règles du commerce international ne sont pas remises en cause, ce qui aboutit à l’entrée, dans nos magasins d’alimentation, de produits agricoles d’importation à bas prix car ils ne respectent pas nos normes de production (résidus de pesticides et d’hormones notamment) et sont produits avec de la main d’œuvre à bas coût quand ce n’est pas avec le travail des enfants.

Si l’on ajoute la concentration des grandes centrales d’achat face à un grand nombre de petits producteurs, force est de constater que les mesures annoncées ne règlent pas le problème des nombreux producteurs qui travaillent plus de 60 heures par semaine pour un revenu inférieur au SMIC, du fait même des prix agricoles inférieurs à leurs coûts de revient.

 

Un marché de producteurs du territoire à St Georges

C’est pourquoi la confédération paysanne, syndicat défenseur d’une agriculture familiale qui s’oppose à la FNSEA, a organisé un marché de produits fermiers le jeudi 15 février 2024, sur le parking E.Leclerc de St Georges.


Les agriculteurs présents qui pratiquent pour la plupart, une agriculture biologique certifiée, ont voulu s’appuyer sur la population locale pour faire connaître leurs positions et proposer des produits de qualité issus des fermes voisines.

Le tract distribué aux passants comporte quatre revendications :


Vers la défense d’une agriculture paysanne

Les rédacteurs du blog ont pu dialoguer avec les producteurs présents à ce marché. Les échanges ont porté plus particulièrement sur l’une des revendications majeures de la Confédération Paysanne, à savoir, la défense d’une agriculture paysanne. Les termes d’exploitant ou d’entrepreneur agricole ne font pas partie de leur champ lexical. Ils se considèrent avant tout comme paysans, c’est-à-dire « des personnes qui vivent à la campagne de leurs activités agricoles » (selon la définition du Larousse). 

Le terme est d’origine latine : paysan vient du mot pagus signifiant de la campagne, du village. Ce n’est donc pas péjoratif mais parfaitement valorisant, ce qui explique le choix du nom de ce syndicat d’agriculteurs et d’éleveurs : la Confédération Paysanne.

D’après nos échanges, la Confédération paysanne créée en 1987, est un acteur majeur du syndicalisme agricole français qui porte des valeurs de solidarité et de partage. Le projet pour une agriculture paysanne qu'elle défend est cohérent et global, dans la mesure où il intègre les dimensions sociales, agronomiques et environnementales dans la production agricole. C'est donc une alternative réaliste à un modèle d'agriculture industrielle qui élimine trop de paysans et de structures agricoles diversifiées.

Pour ce syndicat, les paysans ont une mission : nourrir les hommes 

Leur travail a une juste valeur et doit être rémunéré. Ils veulent une orientation des politiques agricoles qui valorise l'activité et l'emploi agricole, ce qui implique le maintien d’exploitations agricoles nombreuses et diversifiées. Ainsi, l'apport des paysans au dynamisme et à la gestion des territoires ruraux doit être reconnu.

Nous avons longuement évoqué la vision des structures de productions agricoles qu’ils préconisent. Ils combattent un modèle agricole qui conduit à la domination économique de quelques structures hyper productives et hyper concentrées.

L’un des producteurs a apporté un témoignage relatif à la transmission des exploitations agricoles lorsque le paysan arrive à l’âge de la retraite. Il citait le cas d’une exploitation qui s’est agrandie successivement au cours des 40 dernières années pour aboutir à une taille telle que personne, parmi ses enfants, n’avaient les moyens financiers pour racheter le capital d’exploitation sans léser les autres enfants. La ferme a donc été vendue à un apporteur de capitaux pour agrandir une exploitation déjà de très grande taille. Tel est le mécanisme de concentration à l’œuvre depuis des décennies.

Pour eux, il faut favoriser l’accès au foncier dans le cadre d’exploitations à taille humaine

Reconnu au plan national, ce syndicat siège dans de nombreuses instances représentatives du monde agricole où il reste cependant minoritaire, dans la mesure où la représentativité des organisations syndicales agricoles se mesure lors des élections aux Chambres d’agriculture. La Confédération Paysanne y obtient, selon les départements, de 15 à 30% des voix.

Sur le plan international, la Confédération Paysanne est membre fondateur de la Coordination européenne Via Campesina. Elle est également à l'origine de la création de Solidarité paysans.


Apiculteurs passionnés,
Géraldine et Raphaël Perret de la commune de Fleurie étaient aussi présents à St Georges !


Raphaël considère que les agriculteurs ont appris à travailler différemment, y compris sans les produits phytosanitaires. "Il ne faut pas mettre les producteurs dans une impasse". Les pertes de colonies d'abeilles sont aussi liées à d'autres facteurs, en particulier sanitaires (destructions par le varroa, manque de pollens, de protéines et de
réserves de nourriture hivernal, conditions climatiques dégradées ...)

Commentaires

  1. Dommage que cette initiative de la confédération paysanne visant à organiser un marché des produits fermiers ne puisse émerger que de manière exceptionnelle dans une situation de conflit social. Nous avons à St Georges un marché du samedi devenu moribond avec le minimum de producteurs présents et en conséquence de moins en moins de consommateurs. D'aucuns prétendent qu'il y a peu de producteurs parce qu'il y a peu de consommateurs mais la causalité est totalement inversée ! Le principe d'une place de marché est le même que celui qui régit une plateforme sur internet. Plus de variétés de produits attire plus d'acheteurs qui a son tour attire plus de producteurs etc...Dans son principe de tarification, la plateforme subventionne la face qui génère le plus d'attraction. Pourquoi la confédération paysanne ne s'organise pas pour venir exposer et vendre ses produits bio en grand nombre sur notre marché de St Georges chaque samedi ? Chaque producteur de plus attirerait plus de consommateurs et un effet en chaine pourrait faire du marché de St Georges un lieu d'attraction. Je pense que nombreux sont les consommateurs qui soutiennent une agriculture qui, pour reprendre l'article, "fasse vivre les territoires et prenne soin du vivant". Au delà, il me semble que les photos de nos producteurs locaux exposés dans les rayons du Centre Leclerc témoignent d'un esprit d'ouverture aux produits de nos producteurs locaux. Ce fut d'ailleurs lors de son implantation, une des conditions revendiquée par la commune. Voir les mêmes paysans qui ont exposé leurs produits sur le parking du Leclerc pour manifester leur mécontentement, venir le faire tous les samedi en aussi grand nombre sur la place de l'église en toute légalité et avec le sourire pour vendre leurs produits directement est il inenvisageable ? Les consommateurs y gagneraient en qualité, en variété et en concurrence et les paysans en marge de vente et en découverte de leurs produits. La place du village y gagnerait en animation et je suis persuadé que la commune (propriétaire de la plateforme, la place de marché) trouverait un réel intérêt à aménager des conditions d'accueil favorable à un tel essor de notre marché local. Au final une opération bénéfique pour les paysans, les consommateurs et la commune.
    Ce n'est pas parce que les choses sont difficiles que nous n'osons pas, c'est parce que nous n'osons pas qu'elles sont difficiles nous disait Sénèque...Le pouvoir d'oser est entre les mains des décideurs privés comme publics !

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