Le Sein Rose selon Patrice Alloin 🎀


En ce 27 octobre, jour dédié à nos poètes avec leurs bons mots, et mois consacré à la lutte contre le cancer du sein, voici deux poèmes de Patrice Alloin. Réputé pour être un homme de cœur et de partage, Patrice nous dévoile son empathie, sa sensibilité et son envie de "toucher les autres".  

Illustration de couverture extraite du site de la commune de Mitry-Mory 

Le sein rose

Je me le suis offerte ce blanc-seing,
Il me fallait bien parler de mon sein,
Celui dont on voulait évidemment me priver
Sous prétexte qu’à ma vie, il pourrait attenter.

Alors je me suis résignée bien qu'un peu perdue,
Dans cette bataille j'ai jeté tout mon dévolu.
Si je le perds, pour autant je garde mon âme,
Je ne suis pas disposée à déposer les armes.

Donc je me suis battue, parfois comme une folle,
C'est que je voulais la garder moi mon aréole,
Et puis il a bien fallu me rendre à l’évidence,
J'ai dû tout accepter, cela jusqu'à l'incidence.

On m'a dit qu'on allait pouvoir me reconstruire
Que de nouveau je verrai ma poitrine saillir,
Je n'avais pas compris que c’était soigner mon image,
Dans mon corps, je m'étais déjà rendu hommage.

Aujourd'hui je n'ai vraiment qu'un seul regret,
Pas celui de m’être découverte non sans intérêt
Mais de n'avoir pas su protéger, peut-être pas assez sage
Mes deux seins qui voulaient vivre dans mon corsage.


Le cadeau

Dans les profondeurs de cette nuit je suis là,
Pour autant si proche de toi, ne suis pas las.
Je veux être tout contre toi, loin du trépas
Celui qui, il y a peu, te montrait du doigt.

Que l'on vienne de Mars ou alors de Vénus,
Nous rencontrons la vie au coeur d'un utérus,
Dans le nid d'une femme, on est qu'un passant,
le temps de se construire et devenir enfant.

Tu as gagné la bataille contre ce crabe,
Lui qui pensait bien t'emmener en une syllabe
Lui qui déjà affichait bien haut le mot mort
En oubliant qu'il avait le plus souvent tort.

Ma main qui caresse tout en délicatesse,
Ce sein qui n’est plus et qui plus jamais se dresse,
Me laissant découvrir ta plus grande richesse
Celle de ton coeur qui chaque jour me met en liesse.

Pour chaque expérience pénible de notre vie,
Il nous faut déceler le cadeau qui s’en suit,
Pour moi, nul est besoin d’une reconstruction,
Sinon la mienne, pour vivre en ton cœur nos passions.

Patrice ALLOIN


« La peinture est une poésie qui se voit au lieu de se sentir et la poésie est une peinture qui se sent au lieu de se voir » citait Léonard de Vinci dans son traité sur la peinture. “Voyage en poésie” de Patrice Alloin et Jacky Augagneur est né d’une rencontre via les réseaux sociaux ...


Commentaires