La déviation de Belleville, une aubaine pour St Georges ?

Les Bellevillois l’attendent depuis 25 ans. Ce projet de contournement du centre de Belleville en direction de l’autoroute devrait sortir de terre en 2024. Au rond-point de Fontenailles, où la prochaine caserne des pompiers devrait s'installer, les flux de véhicules et de camions de la zone Lybertec vont ainsi éviter la traversée de Belleville. Nous espérons qu’il en sera de même pour la traversée de St Georges. Une belle opportunité pour les élus des deux communes, de rassembler leurs énergies à défendre ce projet structurant et le bien vivre des citoyens.

Quiconque a eu l’occasion de circuler entre St Georges et Belleville, aura pu observer au niveau du rond-point de Fontenailles (ou giratoire Peillon), un étrange chantier dans des parcelles jusqu’ici exclusivement fréquentées par des vaches ! Il s’agit en fait d’une opération de diagnostic archéologique en vue de la réalisation du projet de contournement sud-est de Belleville. Cette déviation de plus de 2 km devrait permettre à terme de rejoindre l’autoroute A6 à partir du rond-point, à l’intersection de la D306 et de la D109 avenue de Verdun.

Les vaches ont laissé place aux fouilles archéologiques et aux camions

Un nouveau tracé qui répond à l’augmentation du trafic et à des enjeux de sécurité.

Comme le rappelait l’article du Progrès du 23/11/2020, ce projet vise à réduire le trafic routier dans le centre-ville et notamment dans les zones fortement accidentogènes aux abords du lycée Aiguerande et du collège Emile Zola. Selon les estimations faites par le Département, plus de 9 000 véhicules fréquentent cette zone chaque jour et le développement de la ZAC Lybertec accentue ce flux de passage journalier. De fait, le tracé (cf. extrait du plan cadastral ci-dessous) devrait, à partir du rond-point, traverser les champs puis bifurquer au nord du lac des Sablons pour longer l’A6 et atteindre au final son échangeur après le rond-point existant. Les prévisions de trafic routier de cette future voie sont de l’ordre de 10 000 véhicules par jour. Le coût du projet est d’environ 8 millions d’euros sous la maîtrise du Département qui, conjointement avec la commune de Belleville, apporteront une partie de la contribution financière à sa réalisation.

Source : Archéologie de la France Informations

Des contraintes archéologiques et environnementales

Si l’intérêt de ce projet pour la sécurité routière et la réduction des risques d’accidents paraît évident, les nombreuses contraintes rencontrées expliquent sa très longue maturation. En effet, l’enquête publique portant sur l’autorisation à réaliser cette déviation date de novembre 2014 et l’achat par la commune du foncier nécessaire a dû faire face à des impératifs environnementaux. Le contournement concerne une emprise de 2,1 km avec une largeur de voirie de 13,5 m dont 1,3 km traverse un paysage agricole de prairies et de cultures, où la biodiversité doit être préservée. Pour cela une dérogation ne peut être accordée que sous réserve de mesures environnementales compensatoires intégrées dans le projet. Le Conseil National de Protection de la Nature qui a recensé plus de 38 espèces d’oiseaux, 17 espèces de mammifères et 4 espèces de reptiles et amphibiens sur la zone traversée, a dû émettre en mai 2020 un avis défavorable à cette première demande de dérogation. La conclusion du rapport précise toutefois que cette demande reste subordonnée à l’intégration dans le projet de nouveaux dispositifs compensatoires visant à protéger la faune et la flore menacées (haies, gites, mares etc...)

Les 1 150 mètres de haies seront constitués d’espèces locales et sauvages. 
Photo d’illustration Progrès /Andre DAUVERGNE

Le conseil municipal du 30/05/2022 de la commune de Belleville a répondu à cette attente, en décidant de déléguer la maîtrise d’ouvrage au Département pour ces mesures environnementales compensatoires. Ainsi, 1150 mètres de haies seront financées par le Département et leur entretien sera assuré par la commune, laquelle met également à disposition du Département un espace boisé protégé de 1,2 ha, 1 000 m2 pour créer une zone sableuse et 400 m2 où l’oiseau guêpier d’Europe pourra nidifier (cf. article du Progrès du 01/06/2022).

Au-delà de cette première contrainte environnementale, la zone traversée par la déviation est susceptible de couvrir des vestiges archéologiques. Dans le cadre d’une opération préventive de diagnostic archéologique confiée à l’INRAP, deux tranches de fouilles ont été programmées. La première s’est déroulée de septembre à octobre 2020 et la deuxième a démarré en mai 2021, objet du chantier de fouilles actuellement visible sur le site. Le premier rapport fait état d’un recensement d’objets portant témoignage d’une occupation antique du site entre la fin du 1e siècle jusqu’au 3è siècle après JC.

Néolithique moyen : lamelle tronquée (armature de flèche tranchante ?) (no 1) , pièces à retouches abruptes (nos 2 à 4). Néolithique final : pièce esquillée sur fragment mésial d’éclat (no 5)
Clichés et DAO : S. Saintot (Inrap).

Les recours de certains riverains

La commune de Belleville a dû également faire face aux plaintes des riverains qui se sont progressivement installés à proximité du tracé de ce contournement au cours de la longue période de gestation de ce projet entamée en 2012 !  

La situation est toutefois particulière. En effet, en matière de nuisances environnementales, les dédommagements et mesures compensatoires sont généralement accordées lorsqu’un projet vient affecter le bien-être des populations déjà installées sur le site. Or dans le contexte, de 2012 à 2019 des permis de construire ont été accordés par la commune à proximité de cette zone dont le projet de déviation sources de nuisances était déjà programmé, donc en toute connaissance de cause !  

De fait, lors de ce même conseil municipal du 30 mai 2022, les élus de Belleville ont dû se prononcer favorablement pour une participation financière de 330 000 € demandée par le Département, afin de mettre en place des écrans acoustiques le long des zones habitées traversées par la déviation.

 

Enfin, Le Progrès du 13 juin 2021 nous apprenait que le groupement cynophile installé sur un terrain privé racheté par le Département pour la construction de la déviation, avait refusé de quitter les lieux, rejetant notamment les offres compensatoires proposées, à savoir une indemnisation de 15 000 euros du Département et une offre par la commune de Belleville d’un terrain de 5000 m2 au nord–ouest de la commune. 

La Dynamique a installé son parcours canin sur le terrain du lac des Sablons. 
Photo Progrès /Georges LEGRAND

Des retombées positives pour la traversée de St Georges ?

 

Desservie par une ligne ferroviaire et une sortie d’autoroute qui la situe désormais à moins de 40 mn de Lyon, notre commune subit une pression démographique et foncière croissante avec pour corollaire une intensification des migrations alternantes entre St Georges et Lyon. 

Il suffit d’observer chaque jour vers 17H00 la densité du trafic routier qui traverse notre commune venant du nord comme du sud. 

La traversée de notre commune par une départementale (RD 306), l’augmentation de la fréquence de passage des poids lourds en lien avec le développement de la ZAC Lybertec au nord, l’accroissement des flux de sortie de véhicules au sud, via la sortie d’autoroute Villefranche Nord et, dans un avenir proche, la création de la ZAC « Ile Porte » vers l’Ave Maria vont renforcer les problèmes de congestion, de pollution et les risques d’accident dans notre centre bourg.

St Georges fait sauter le bouchon (notre article du 1er avril 2022)

La création d’une déviation au sud-est de Belleville pourrait à ce titre être une certaine aubaine. Elle devrait réduire le flux de passage des poids lourds et notamment ceux qui transitent par la ZAC de Lybertec. 

Dans ce contexte, on pourrait espérer que le projet de requalification du centre bourg qui a été confié par notre Maire à un cabinet d’étude, apporte des solutions complémentaires relevant des compétences de la commune de St Georges, pour une circulation plus apaisée de sa traversée. Certes il s’agit d’un dossier complexe sur lequel plusieurs équipes municipales successives se sont penchées hélas sans succès. 

Mais fort de cette déviation qui offrira désormais un moyen d’accès direct à l’A6 pour les poids lourds via Belleville, des solutions locales pourraient peut-être émerger de cette étude de requalification du centre bourg pour renforcer l’incitation des poids lourds venant de Lybertec à utiliser le contournement

Périmètre de l’étude de requalification du centre de St Georges (octobre 2021 - octobre 2022)

Un réaménagement de l’avenue Charles De Gaulle et de l’avenue Léon Foillard en zone à 30 km/h avec rétrécissement des voies, mise place de plusieurs plateaux ralentisseurs, de feux coordonnés avec passages piétons plus sécurisés, l’aménagement de trottoirs, d’une voie ouverte aux modes doux, d’un système d’éclairage avec vidéo surveillance, de zones de parkings et de voies d’accès piétonnes signalisées vers le centre bourg, contribuent à une meilleure attractivité de notre centre bourg et de nos commerces tout en réduisant le flux du transit poids lourds et les risques associés. 

Toutes ces possibilités sont, certes sous réserve de financement, à la portée d’une commune qui dispose de la maîtrise de l’aménagement de sa traversée.

Aménagements provisoires pour les piétons : tester pour aménager durablement

Une nouvelle étude urbanisme pour juin 2022 ?

Lors d’un conseil municipal, répondant à une question diverse sur ce sujet, monsieur le Maire avait précisé que les propositions du bureau d’étude pourraient être disponibles dès le mois de juin 2022 et qu’une réunion publique permettrait d’informer les reneimois du contenu de ce projet et des propositions.

Au regard du dossier de consultation des entreprises du 8 novembre 2021 (disponible sur internet), l’étude a démarré en février 2022 et prévoit 3 phases :

• phase 1 : mai 2022
  Diagnostic du fonctionnement du centre-ville de la commune

• phase 2 : août 2022
  Propositions d’une stratégie de revitalisation et de requalification du centre-ville phasée dans le temps (à 5, 10 et 15 ans) et avec des zooms d’évolution intégrant les espaces publics et les espaces privatifs pouvant évoluer et en précisant ce qui sera de l’ordre de la réhabilitation et de l’ordre de programmes insérés harmonieusement en neuf.

• phase 3 : octobre 2022
  Conception des aménagements et fiches détaillant les pré-programmes opérationnels, esquisses / études préliminaires, traduction dans les outils réglementaires du PLU et du PLUih,

Le budget communal 2022 pour cette étude de requalification du centre bourg est à la hauteur de 150 K€ (ligne code 824).

Où en est-on aujourd'hui ? 

Peut-être aurons-nous des réponses lors du prochain conseil municipal de ce lundi 5 septembre 2022, de la part de notre maire, chargé également de la mobilité à la CCSB. 

Souhaitons que sur ce sujet prioritaire, le rapport en question ne soit pas remis au fin fond d’un tiroir de la mairie et estampillé du sceau « top secret » …

Plan de situation du projet - septembre 2020 - extrait de l'appel d'offre du Département du Rhône