“Dans ce propos, je m'attacherai à différencier scrupuleusement les Allemands et les nazis, tous les Allemands n'étaient pas des nazis.
Il y a eu des réseaux importants de résistance en Allemagne, infiltrés jusque dans l'état-major de la Wermacht.
Je citerai :
La rose blanche, réseau de militants catholiques révoltés par la politique ultra raciste des nazis.
La rose blanche de Hambourg, militants catholiques et socialistes.
L'orchestre rouge, réseau soviétique dirigé par Léopold TREPPER, juif polonais, présent dans la plupart de pays européens. Ce réseau envoya des milliers d'informations sérieuses et détaillées à Moscou et aux Britanniques, c'est ainsi que dès le mois de décembre 1940, il alerte Staline sur l'imminence et l'ampleur de l'invasion allemande de l'union soviétique (opération Barbarossa juin 41), mais Staline ne tint aucun compte des alertes répétées, condamnant ainsi à mort des millions de soviétiques civils et militaires. Une erreur stratégique de plus pour le dictateur.
Beaucoup d'hommes et de femmes de ces réseaux ont été arrêtés, sauvagement torturés puis exécutés de façon ignoble (décapitation à la hache).
Par leurs actions, ils ont largement contribué à la victoire finale, nous leur devons donc respect, reconnaissance et mémoire.
Résumer et expliquer la résistance et la déportation en quelques lignes est une tâche difficile voire impossible. J'ai donc choisi de mettre en exergue le sort de deux déportés français qui me paraît expliciter pleinement comment les déportés plongés au cœur de l'enfer ont pu résister.
Le 1er s'appelle Marcel Paul, né en 1900, ouvrier électricien, membre de la CGT et du Parti Communiste.
Contrairement à ses camarades communistes, il s'engage dans la résistance dès 1940 ce qui lui vaudra d'être exclu du parti (il faut respecter le pacte germano-soviétique). Distribution de tracts, constitution en Bretagne de stock d'armes, de munitions, d'explosifs, attentats contre les nazis, etc...
Dénoncé, il est arrêté en novembre 41 par la police française. Emprisonné à la Santé puis à FONTEVRAUD, il y organise des révoltes et fait plusieurs tentatives d'évasion qui lui valent d'être livré aux nazis en avril 44. Il est transféré à Auschwitz, camp d'extermination en avril puis à Buchenwald en mai, camp de travail forcé au profit des industries de guerre allemandes (BMW, IG FARBEN, etc...).
Avec le Colonel MANHES, ancien adjoint de Jean MOULIN, il organise la vie à l'intérieur du camp (60 000 déportés) pour empêcher la loi de la jungle de s'instaurer. Protection des plus faibles, répartition des corvées en fonction des capacités physiques de chacun, répartition équitable du peu de nourriture disponible. Imaginez les difficultés pour organiser ce travail dans un camp soumis à la dictature des gardiens et de la gestapo et où les exécutions sommaires étaient monnaie courante.
Par leur travail quotidien, ils se sont efforcés de rendre moins dures des conditions de détention effroyables. Dans le même temps, ils mettent sur pied plusieurs réseaux de résistance à l'intérieur du camp regroupés sous le titre générique de “Brigade Française d'Action Libératrice” et c'est tous les jours qu'ils risquaient leur vie ; qui permettra le 11 avril 1945 la prise de contrôle du camp par les détenus faisant prisonniers tous les gardiens et militaires quelques jours avant l'arrivée des Américains.
Depuis 1940, il refuse obstinément de collaborer avec les nazis et de leur livrer ses secrets de fabrication. De guerre lasse, les nazis l'envoient à Buchenwald le 25 août 1944 sous le matricule 39611. Sa faible constitution le destine rapidement à une mort certaine (mauvais traitements, manque de nourriture et d'hygiène). Il contracte rapidement la diphtérie.
Marcel PAUL fait sa connaissance et décide de le prendre sous son aile et de le protéger jusqu'au bout. Du fond de son enfer quotidien, il est persuadé que la France et les alliés finiront par vaincre le monstre nazi et il sait que pour se reconstruire la France aura besoin d'industriels chevronnés de la trempe de Marcel BLOCH.
Et c'est ainsi, que l'ouvrier communiste, athée, s'associe dans une grande confiance réciproque avec le patron juif et gaulliste.
Après la libération, Marcel PAUL sera nommé ministre de la Production industrielle dans le gouvernement du Général de GAULLE. Il procédera au regroupement de tous les producteurs privés de gaz et d'électricité qu'il nationalisera et qui deviendront: Electricité de France (EDF) et Gaz de France (GDF).
Dans le même temps, avec le Colonel Henri MANHES, il fonde la Fédération Nationale des Déportés, Internés, Résistants et Patriotes (FNDIRP) dont l'ADIRP du Rhône, que je représente ici, est la déclinaison départementale.
Marcel BLOCH, quant à lui, reprend ses activités aéronautiques. En 1946, souhaitant tirer un trait sur ses années de calvaire, il décide de changer de nom. Pour cela, il choisit le pseudonyme que son frère utilisait dans la résistance, désormais il s'appellera Marcel DASSAULT et fabriquera plus tard des avions prestigieux qui sont les mirages ou le rafale.
Tirer un trait ne veut pas dire oublier : dès 1945, il soutiendra financièrement la toute jeune FNDIRP et son entreprise sera la seule en France à compter dans ses effectifs 4 compagnons de la libération et 187 anciens hauts responsables de la résistance.
J'ai choisi cet exemple pour montrer, surtout aux jeunes générations ici présentes, que dans les cas désespérés où l'urgence commande d'agir, le peuple de France, dans sa diversité, sait mettre de côté ses différences politiques, religieuses ou sociales pour s'unir fraternellement dans le combat jusqu'à la victoire.
Les camps de concentration et d'extermination ont fait 12 millions de morts dont 6 millions de juifs.
150 000 français (5 fois la population de Villefranche) ont été déportés pour des actes de résistance au nazisme et autres raisons (main-d'œuvre gratuite) seuls 60% en sont revenus, 75 000 français de confession juive ont été déportés seuls 3% sont revenus.
Si nous voulons empêcher ces abominations de se reproduire, nous devons propager autour de nous le devoir de mémoire, nous battre pour que toutes ces victimes ne tombent pas dans l'oubli et que leur souvenir nous aide à construire un monde meilleur.
Maurice REY, né le 2/11/1917 à PINAY (Loire) et père de Simone (Reneimoise et ancienne institutrice) démobilisé en juin 40, s'engage dans la résistance. Le 3 août 1944, alors qu'il transportait des armes pour le maquis de l'Azergues, il est surpris par une patrouille allemande. Torturé pendant une journée et une nuit, il a été fusillé au petit matin avec ses deux compagnons, au lieu-dit « La Fontaine » entre Anse et Villefranche.
Jacques BAGHDASSARIAN, né le 21/09/1912 à NALLOUHAN (Asie Mineure) et père de Patrick (Maire de St Georges), mobilisé le 29/10/1939, fait prisonnier le 24 juin 1940 dans les Vosges interné au Stalag 2C, il s'évadera 7 fois. Il sera envoyé dans un camp disciplinaire à RAWA-RUSKA. Libéré par la Suède le 30 avril 1945, il obtient avec sa femme, la nationalité française le 8/10/1946.
Mme Marie LIEVRE, née en 1897, fermière au lieu-dit « Les Tournelles » à St Georges. Le 24 août 1944, surprise par les troupes allemandes qui refluent vers l'EST, elle est abattue dans le dos à l'entrée du bois de Laye. La ferme sera pillée puis incendiée. Elle figure sur le monument aux morts avec la mention “MORT POUR LA France”.
Emile BROCARD, né le 10 juillet 1900 à St Georges, déporté à Buchenwald, il y décèdera le 6 juin 1944, son nom est inscrit sur le monument aux morts.
Elisa JANDAR, née le 23 janvier 1899 à St Georges, déportée à Ravensbrück le 28 avril 1943 sous le matricule 19260, décède en avril 1945 lors de l'évacuation du camp.
Mme BESSON Paulette, née en 1924, résistante de l'armée secrète, arrêtée le 18/02/1944, déportée à Ravensbrück le jour de ses 20 ans, puis à Bendorf dans les mines de sel, libérée en avril 1945 par les Suédois.
Antoine BOUVIER, résistant dans les forces armées jeunesse du groupe KLEBER, arrêté le 7/12/1943, déporté à Neuengamme en mai 1944, libéré par les Russes fin avril 45. Ils se rencontreront en 1945 et se marieront.
Claudius COULON, franc-tireur, prisonnier de guerre, évadé, fusillé le 14 juillet 1944 par les Allemands à Saint-Georges-de-Reneins."
Retrouvez son nom sur le monument d'Emile Guyot et son histoire dans l'article du Blog citoyen en date du 1/12/2022.
"Toutes ces personnes ont droit à notre respect et à notre mémoire collective.”
Le Progrès du 27/4/2025 : Victimes et héros de la Déportation : « Soyons dignes de leur héritage »
RépondreSupprimerUne cérémonie commémorative à l’occasion de la Journée nationale du souvenir des victimes et de héros de la Déportation s’est tenue ce dimanche 27 avril sur l’esplanade du Souvenir à Villefranche-sur-Saône. Le Chant des déportés ou Chant des marais a ouvert la cérémonie suivie de la lecture d’un récit écrit par Lili et Lucette Taguet, filles du grand résistant caladois, Gabriel Taguet, en présence de Michele Serna, fille d’Yvonne Margerit, héroïne de la résistance, emprisonnée à la prison de Montluc. « Soyons dignes de leur héritage : bâtissons un monde de paix, de justice et de tolérance. » ...
Le Patriote du 6/6/2025 : Villefranche : la cité scolaire Claude-Bernard rend hommage à la Résistance
RépondreSupprimerL'établissement scolaire a organisé une cérémonie d'hommage à l'occasion de la Journée nationale de la résistance, le 27 mai dernier.
Parfaitement organisée, sous l'égide de la direction de la cité scolaire et du cabinet du maire de Villefranche, cette cérémonie a été empreinte d'une dignité qui a saisi l'assistance et les autorités civiles et militaires présentes. Les élèves de la cité scolaire Claude-Bernard ont pris une large part dans l'hommage rendu aux héros de la résistance, au gré de leur interprétation particulièrement réussie du Chant des partisans et de la lecture de textes célébrant le courage de celles et ceux qui, voici 80 ans, ont lutté contre l'occupant ...
Commentaire de Stéphanie Bouvier, petite fille d'Antoine et de Paulette Bouvier, originaire de Saint-Georges-de-Reneins, extrait de la page Facebook de l'UNC.
RépondreSupprimerMerci pour cette belle publication. Je rebondis sur une partie de l'article. En effet, ma grand-mère Paulette Bouvier a très souvent dit que tous les allemands n'étaient pas forcément des nazis. "Ses gardes allemands en camp" donnaient leurs plateaux repas aux concentrés en cachette. Certains étaient là par obligation, pas par conviction ou par envie. C'est ce que je retiens de cette période. Effectivement, mamie a travaillé dans les mines de sel avec tellement d'autres... Papa a encore un échantillon dans une petite fiole rapportée de Ravensbrück. Ce qui l'a sauvé Mamie c'était sa jeunesse et qu'elle était en capacité de travailler... Pour finir, Antoine et Paulette parlaient toujours de cette période avec beaucoup de pudeur sans se considérer comme des héros...