Notre regretté Georges Marguin a fait les éloges du jongleur de mots Raymond Devos le 16 juin 2006. Marie-France Balandras rend à son tour un hommage à un autre passionné des mots, amoureux du Beaujolais et du Foot, Bernard Pivot décédé ce 6 mai 2024. AprÚs un rappel de ses racines, Marie-France ose quelques rimes, sans "concupiscence ni insolence", et avec un brin de jouissance ...
NĂ© un 5 mai 1935 Ă la Croix-Rousse, une maison familiale Ă QuinciĂ© en Beaujolais oĂč la famille se rĂ©fugie durant la seconde guerre mondiale, ses premiĂšres lectures vont au Petit Larousse et aux Fables de la Fontaine. LycĂ©en puis Universitaire il sort vice-major de sa promotion au centre de formation des journalistes Ă Paris, en 1957. Le Figaro LittĂ©raire, Le Figaro, oĂč il devient chef de service ...
Apostrophant ceux qui l'ont devancé dans l'eau-delà , ses pairs,
Bernard Pivot a rejoint ses amis pour abreuver de bojo',
Son public séduit depuis le ProgrÚs, au Figaro Littéraire,
Au Figaro, Ă Lire, avant de faire fureur dans les radios.
Le tout dans des registres alliant le sérieux au comique.
Périco Légasse ici bas, devra savourer seul le Romanée-Conti
Provenant de ces ceps qui pourraient bien cacher
L'Ăąme de notre amoureux du terroir, fin gourmet.
De ces vins délicats, parfumeurs de palais,
Périco, son complice au Comité de défense du Beaujolais.
Notre monde hérite d'un lot de souvenirs ineffaçables
Ses émissions télévisées, alors inégalables.
Dont les 7 d'or revinrent à la plus plébiscitée, Apostrophe.
A Bouillon de culture, aux Dicos d'or de l'orthographe,
Les ouvrages ont succédé ; l'Académie Goncourt
Le fera président, et dans le monde entier dÚs que Pivot paraßt,
C'est la langue française qui alors devient reine.
Si concupiscence, son bis repetita, « mauvais sentiment,
Décrit par un mauvais mot », il rime pourtant
Avec mauvaise conscience, voire avec insolence.
Il a choisi pourtant, pour mot joli, celui « d'aujourd'hui » !
A l'heure de l'au revoir, quand montent les souvenirs,
LĂ -haut sur la colline, quand le printemps fleuri,
Les ceps rendront hommage Ă Pivot bienfaiteur,
Les mots se choisiront, dans une immense ferveur !
Marie-France Balandras, le 27 mai 2024
Merci pour ce bel article
RépondreSupprimerBel hommage !
RĂ©pondreSupprimer"J'aurais pu dire "vieillir, c'est dĂ©solant, c'est insupportable, c'est douloureux, c'est horrible, c'est dĂ©primant, c'est mortel", mais j'ai prĂ©fĂ©rĂ© "chiant" parce que c'est un adjectif vigoureux qui ne fait pas triste. Vieillir, c'est chiant parce qu'on ne sait pas quand çà a commencĂ© et l'on sait encore moins quand çà finira. Non, ce n'est pas vrai qu'on vieillit dĂšs notre naissance. On a Ă©tĂ© longtemps si frais, si jeune, si appĂ©tissant. On Ă©tait bien dans sa peau. On se sentait conquĂ©rant, invulnĂ©rable. La vie devant soi, mĂȘme Ă cinquante ans, c'Ă©tait encore trĂšs bien.... mĂȘme Ă soixante.
RĂ©pondreSupprimerSi, si je vous assure, j'Ă©tais encore plein de muscles, de projets, de dĂ©sirs, de flamme. Je le suis toujours, mais voilĂ , entretemps, j'ai vu le regard des jeunes... des hommes et des femmes dans la force de l'Ăąge qui ne me considĂ©raient plus comme un des leurs, mĂȘme apparentĂ©, mĂȘme Ă la marge. J'ai lu dans leurs yeux qu'ils n'auraient plus jamais d'indulgence Ă mon Ă©gard, qu'ils seraient polis, dĂ©fĂ©rents, louangeurs, mais impitoyables. Sans m'en rendre compte, j'Ă©tais entrĂ© dans l'apartheid de l'Ăąge".
Bernard Pivot