Un musée Gallo-Romain à St Georges ?

Source : Amable Audin 1953, Ludna et son Musée

Ludna du mythe à la réalité, un peu d’histoire.

La station de Ludna est mentionnée sur la table de Peutinger, ancienne carte romaine où figurent les routes et les villes principales de l'Empire romain. Cette carte,  antérieure à la fin du 1er siècle a été mise à jour au IVe siècle et au Ve siècle.


Source : A. Buisson (1993), Ludna

C’est à l’occasion des travaux de creusement de la voie de chemin de fer dans la colline de Patural en 1853, que la découverte d’éléments archéologiques très abondants démontre l’existence d’un site archéologique. Un érudit lyonnais, A.J.B. d’Aigueperse (1787-1861) et un archéologue caladois J.F.A. Peyré (1792-1868), peuvent alors localiser et confirmer l’existence sur la commune de St Georges de Reneins, d’un bourg celtique devenu une étape routière gallo-romaine, jusqu’alors plus ou moins mythique: Ludna, cité différenciée de celle de Lunna, située elle plus au nord vers Belleville. Plus de 800 objets (céramiques, vases, terres cuites, petits bronzes, monnaies,…) ont pu être recensés dont la datation couvre la période de l’âge de bronze jusqu’à l’époque romaine. Ludna est une structure d’agglomération au carrefour de voies importantes, situé sur la voie qui relie Lyon à Macon. Consacrée d’abord à des habitats, la cité devient une sorte de relais routier caractérisé par des cours intérieures et des entrepôts
Sous Napoléon III, des recherches sont poussées en 1861 et 1862 vers la rive de la Saône. Il s’agit de retrouver les vestiges de la guerre entre les gaulois et Jules César, et notamment l’hypothèse de la traversée de la Saône par les Helvètes en 58 avant J.C. Les travaux de dragage de la Saône qui furent ainsi entrepris au gué de Grelonges permirent de mettre au jour des silex néolithiques. En 1896 Claudius Savoye (1856-1908) s’intéresse plus particulièrement à ce site de Grelonges et à la butte de Boistray où il découvre en 1896 un lot de mobilier préhistorique.

Plusieurs maires soucieux de préserver ce patrimoine archéologique.

A partir de 1924, Léon Foillard, maire de st Georges de Reneins de 1929 à 1959 et amateur éclairé, s’intéresse au site de Ludna et opére lui-même quelques fouilles. En mettant au jour les assises d’un temple, un four à galerie et différents murs, il est le premier maire de notre commune à stimuler l’intérêt pour ce site et à solliciter le milieu scientifique en invitant les archéologues de l’université de Lyon à visiter ses fouilles. La société des amis de Ludna est d’ailleurs créée à son initiative dès 1930 et très rapidement, L. Foillard lance l’idée d’un projet de musée de Ludna. En 1952, le premier Musée de Ludna est ouvert à l’entrée du site dans un local appartenant à M. Philippon. 

Avec le soutien de Paul Perdrix, successeur de Léon Foillard à la mairie de St Georges, trois chantiers de fouilles sur la colline de Patural sont conduits par Pierre Treppoz (membre de la section archéologique du Touring Club de France) entre 1970 et 1972, mais ces opérations sont abandonnées. Le musée est alors transféré et inauguré en 1974 dans une salle du château de Montchervet devenu depuis la Mairie de St Georges. Jean-Louis Bellaton, successeur de Paul Perdrix, fait inventorier les collections archéologiques par André Buisson en 1993. Soucieux de la préservation de ce patrimoine, il constitue avec l’aide de l’Etat, une réserve archéologique en rendant la commune propriétaire des cinq hectares de la colline de Patural. Plusieurs campagnes de fouilles seront soutenues par la Mairie de 2002 à 2009 sous la supervision du professeur Jean Claude Béal de l’université Lumière Lyon 2.

Comment contribuer à la renaissance de ce musée ?

C’est à l’occasion de travaux de rénovation intérieure des locaux de la Mairie il y a une dizaine d’années, que la salle qui était réservée au musée de Ludna a été transformée en immense bureau. Ce dernier est actuellement utilisé pour des réunions. Depuis, les pièces du musée dorment dans les locaux de la Mairie. Plusieurs projets d’implantation du musée de Ludna dans des nouveaux locaux ont bien été étudiés par la mairie à cette époque, mais aucune des options envisagées n’a été menée à son terme.  Au-delà du choix du lieu d’implantation, la mise en sécurité des pièces exposées (plusieurs ont été dérobées par le passé lors de visites), l’organisation d’une permanence et d’une surveillance lors des heures de visites sont autant de problèmes techniques à résoudre.

Comme nous l’avons déjà souligné dans nos articles précédents, la Commune dispose d’un patrimoine immobilier en partie inutilisé.

Pourquoi ne pas demander des subventions auprès du Ministère de la Culture voire mobiliser le mécénat pour financer des travaux d’aménagement d’un local ? Peut-être serait également possible d’entreprendre les démarches pour obtenir le Label Ville et pays d’art et d’histoire auprès de la DRAC Auvergne Rhône Alpes, et surtout faire appel au bénévolat associatif local pour assurer les visites et la permanence du Musée de Ludna et réouvrir ses portes au public. Le site du parc Montchervet, près de l’Espace Culturel, renommé la Pirogue en mémoire des embarcations repérées au fond de la Saône à l’occasion des fouilles, parait être le lieu privilégié de résurgence d’un tel musée. La municipalité y possède de nombreux bâtiments. Mais les locaux de la mairie situés non loin de là, à l’Espace Charles De Gaulle (ancienne école de musique, ancienne trésorerie dite maison carrée, salle des arcades) pourraient offrir un cadre adapté à un tel projet culturel.
Ce projet pourrait être intégré dans une vision globale du projet de rénovation urbaine du centre bourg et de ses différents pôles d’attractivité.

L’association est prête à contribuer à un tel projet motivant et à stimuler le bénévolat et l’action citoyenne, pour apporter sa contribution à la renaissance du musée de Ludna.



Dessin M. Lagrange du livre de Jean-Claude Béal

Photos extraites du livre de Marie Louise ODIN "Paroles sur documents" de 1996


Et vous cher lecteur de notre blog qu’en pensez-vous ? 

Vous pouvez contribuer à notre référendum sur la création du nouveau Musée de Ludna : cliquez ici.

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Autres sources :
Audin A. (1953), Ludna et son Musée, Ed. DU Cuvier, J. Guillermet, Villefranche en Beaujolais
Béal J.C. (2013) : Saint Georges de Reneins : regards d’archéologues, Editions du Poutan, Paris 47 pages.
Béal J.C. (2007), Saint-Georges de Reneins – Ludna, ADLFI Archéologie de la France- Informations une revue Gallia, Ministère de la Culture, édition électronique : http://journals.openedition.org/aslfi/6889
Béal J.C. (2006), Ludna, une agglomération gallo-romaine de la cité des Ségusiaves, Académie de Villefranche en Beaujolais, Chroniques du Pays Beaujolais, Bulletin N°30, 
Béal J.C., Coquidé C. et R. Ténu (2014), LUDNA et ASA PAULINI, Deux étapes antiques du val de Saône sur la route de Lyon, Documents d’Archéologie en Rhône-Alpes et en Auvergne, Publication de la Maison e l’Orient et de la Méditerranée, 440 pages.
Bellaton J.C. (1984), Les Helvètes ont-ils emprunté nos gués ?, Bulletin de l’académie de Villefranche en Beaujolais, 1983-1984, pp. 25-32.
Buisson A. (1993), LUDNA, Les Tournelles, commune de Saint Georges de Reneins, Essai de synthèse d’après les découvertes anciennes, Catalogue des collections archéologiques conservées au Musée, château de Montchervet à Saint-Georges de Reneins, 120 pages.
Treppoz P. (1974), La Station de Ludna, Archeologia, Trésors des âges, N°70, Mai, p.68


Commentaires

  1. Le Patriote du 19/5/2024 : l'ambitieux projet du musée Ludna prend forme.

    Au premier siècle de notre ère existait une cité appelée Ludna, bâtie sur un site d'environ cinq hectares, situé à 2 km au sud de l'actuelle commune ...

    "L'idée de la création d'un musée a pris naissance sur la base des travaux de Jean-Claude Béal qui devrait en assurer la direction scientifique lorsque le bureau d'études (**) missionné par la municipalité pour assurer la conception de la muséographie aura terminé ses travaux, a souligné Patrick Baghdassarian, maire de la commune. J'espère que nous pourrons, dès cet été, avancer sur quelques orientations telles que le parti architectural et la localisation du musée Ludna, dont la vocation sera de faire le lien entre le monde gallo-romain et notre époque moderne."

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