Juin rhume de foins 👨‍🌾


« Même rasée, elle crâne et avant de périr, sait déjà qu’elle va laisser un souvenir … ». Le foin de juin inspire notre poète anticonformiste. Avec la mauvaise herbe raide, mère botanique fait la nique …


La monstrueuse machine avance lentement

L’herbe dresse sa fine silhouette fièrement,

Même rasée, elle crâne et avant de périr

Sait déjà qu’elle va laisser un souvenir

 

Elle assume lucide ce qu’elle est, qu’elle désire,

Qu’importe où elle est, où elle dérive,

Sans cesse elle suit ses espoirs à la trace

S’envole, s’emporte, s’élève, vorace,

Avance, détourne, contourne, se perd, hardie

Se taille une place en survie,

Fleurit, enfante, non se meurt, mais se meut

Pour se loger, fait tout ce qu’elle peut.

 

Vagabonde au champ ou à la ville,

Le long de la voie ferrée où elle fourmille.

Du chemin discret et placide ou du bruyant train. 

Entre les pierres anoblies, ou les parpaings

L’ardoise, ou les friches d’acier, au hasard

De l’uniforme, du minéral, du propre, du bazar

Du tondu, elle guette les fissures, l’ombre 

Qui nourrit, humide et profonde,

Elle prospère tantôt sous la pluie battante,

Tantôt dans la fournaise, atmosphère fumante,

Empoisonnée, elle ? n’y pensez pas

Elle renaît derrière vos derniers pas.

 

Martyre, par ses racines profondes

Elle revient agile et insolente, vrais scores  

S’obstine, revient toujours, s’installe encore.

Malgré la faim, la soif, le stérile, l’inerte,

L’obstacle, l’ennemi, elle nargue et reste verte

Sans armes elle se bat, modeste, révoltée,

Royale propriétaire, sans propriété,

Patiente, âpre, elle gagne, elle prend, elle vainc.

Moque demain, comme l’an Quatre-vingt,

Tenace, elle résiste, depuis le fond des âges,

La folle, la mauvaise, l’invasive, la sauvage,

Elle balaie bannit et fuit la servitude.

Jouer à cache-cache pour elle n’est qu’habitude.

 

L’herbe salie, piétinée, brisée, la mère botanique,

Refuse de rentrer dans le rang et fait la nique

Avide et curieuse, elle envahit l’univers

Refuse de pousser en rang, préfère le travers

Herbe libre, assoiffée de lumière, de hauteur

Le couard, sait que jamais elle meurt.

 

L’amie des troupeaux qui le lui rendent bien,

Ses multiples victoires elle les tient,

Volonté, défi d’être ou vertu d’exister, elle vit.

Rien ne l’arrête jamais, l’homme elle s’en rit

Et se sert des quatre saisons de l’année

Pour prendre son élan et tout recommencer.

 

@ Georges Marguin, le 27 juin 2023

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