La
monstrueuse machine avance lentement
L’herbe
dresse sa fine silhouette fièrement,
Même rasée, elle crâne et
avant de périr
Sait déjà qu’elle va
laisser un souvenir
Elle assume lucide ce
qu’elle est, qu’elle désire,
Qu’importe où elle est, où
elle dérive,
Sans cesse elle suit ses
espoirs Ă la trace
S’envole, s’emporte,
s’élève, vorace,
Avance, détourne,
contourne, se perd, hardie
Se taille une place en
survie,
Fleurit, enfante, non se
meurt, mais se meut
Pour se loger, fait tout
ce qu’elle peut.
Vagabonde au champ ou Ă la
ville,
Le long de la voie ferrée
oĂą elle fourmille.
Du chemin discret et
placide ou du bruyant train.
Entre les pierres
anoblies, ou les parpaings
L’ardoise, ou les friches
d’acier, au hasard
De l’uniforme, du minéral,
du propre, du bazar
Du tondu, elle guette les
fissures, l’ombre
Qui nourrit, humide et
profonde,
Elle prospère tantôt sous
la pluie battante,
TantĂ´t dans la fournaise,
atmosphère fumante,
Empoisonnée, elle ?
n’y pensez pas
Elle renaît derrière vos
derniers pas.
Martyre, par ses racines
profondes
Elle revient agile et
insolente, vrais scores
S’obstine, revient
toujours, s’installe encore.
Malgré la faim, la soif,
le stérile, l’inerte,
L’obstacle, l’ennemi, elle
nargue et reste verte
Sans armes elle se bat,
modeste, révoltée,
Royale propriétaire, sans
propriété,
Patiente, âpre, elle
gagne, elle prend, elle vainc.
Moque demain, comme l’an Quatre-vingt,
Tenace, elle résiste,
depuis le fond des âges,
La folle, la mauvaise,
l’invasive, la sauvage,
Elle balaie bannit et fuit
la servitude.
Jouer Ă cache-cache pour
elle n’est qu’habitude.
L’herbe salie, piétinée,
brisée, la mère botanique,
Refuse de rentrer dans le
rang et fait la nique
Avide et curieuse, elle
envahit l’univers
Refuse de pousser en rang,
préfère le travers
Herbe libre, assoiffée de
lumière, de hauteur
Le couard, sait que jamais
elle meurt.
L’amie des troupeaux qui
le lui rendent bien,
Ses multiples victoires
elle les tient,
Volonté, défi d’être ou
vertu d’exister, elle vit.
Rien ne l’arrête jamais,
l’homme elle s’en rit
Et se sert des quatre
saisons de l’année
Pour prendre son Ă©lan et
tout recommencer.
Bravo pour ce beau texte et la superbe photo qui l'illustre
RépondreSupprimerBravo pour ce beau poème !
RĂ©pondreSupprimerBravo Tonton !!!
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