Isabelle Brulé, 23 ans de direction aux “Jardins d’Anne” 🏡


En retraite active depuis 2016, Isabelle Brulé (au centre de la photo) a bien voulu se confier sur son aventure humaine avec la maison de retraite de St Georges, “Les Jardins d’Anne”. Recrutée en 1993 par le Docteur et maire de l’époque Jean-Louis Bellaton, elle a relevé tous les défis, obtenu le classement en EHPAD et renforcé l’équipe professionnelle de santé. Les anecdotes ne manquent pas, aussi bien avec l’équipe, les résidents et leurs familles. Interview.


Isabelle, comment avez-vous été recruté à ce poste de direction ?


J’étais directeur administratif des établissements SELLES. Mon médecin traitant était Mr Jean-Louis Bellaton et quand il a eu l’idée de cette maison de retraite, il m'a dit qu'il me verrait bien directrice de ce petit établissement. Ce n’était qu'un foyer logement au départ, donc je lui ai dit pourquoi pas … 

Le temps a passé et un jour, il m'appelle et me dit “on voudrait vous rencontrer car on va ouvrir la structure”. Je suis allée à l'entretien, où il y avait, je me souviens Monsieur Pierre Mille et Monsieur Jean Gaillon, ses deux adjoints de l’époque. Il voulait surtout quelqu'un de gestionnaire et comme j’avais de bonnes bases comptables, ça a marché. Me voilà donc directrice en ce 1er juillet 1993.


Un beau projet, humain, financier et logistique !


Oui, il a fallu tout faire. Monsieur Bellaton a mis au point le financement, la construction avec le propriétaire HBVS et négocié avec le département. 

J’ai dû embaucher, acheter du mobilier spécialisé, même si au début on accueillait que 20 résidents en perte d’autonomie dans ce foyer logement. 

Cette création et cet investissement important a été possible grâce à la générosité des trois demoiselles Fleytou, bien connues à St Georges.

Le Centre communal d’Action Sociale était locataire des murs, et nous n’avons pas rempli l’établissement du jour au lendemain. Nous avons constitué une petite équipe de 5 personnes, avec une aide soignante, deux agents de service de jour et deux de nuit et des élèves infirmiers pour les weekends et une collaboration étroite avec les médecins de la commune et les infirmières libérales. Les résidents étaient en perte d’autonomie et il y avait même 4 appartements pour couples, avec kitchenette pour faire leur cuisine. Les autres repas étaient livrés par un prestataire. Une dizaine de personnes extérieures et habitants St Georges venaient manger avec les résidents. Cela mettait une belle ambiance car ils rapportaient toutes les “histoires” du village et tout le monde se connaissait puisque les résidents étaient essentiellement issus du village. Les familles avaient à tour de rôle une permanence le dimanche midi pour le service du repas et certains restaient pour le dîner.


En 2006, une loi a été votée qui nous obligeait à prendre une décision. Devions nous rester foyer logement ou passer EHPAD ?

Les résidents souhaitaient finir leur vie aux Jardins d’Anne et la demande était plus forte pour des entrées en EHPAD. Donc au 1er janvier 2007, nous signons une convention tripartite avec le Département et l’ARS (agence régionale de santé). Nous recrutons des infirmières, aides soignantes et agents de service ainsi qu’un médecin coordonnateur le Docteur Pascal MIELLE. Quelques temps après, sous l’impulsion du maire Patrick BAGHDASSARIAN, nous achetons le bâtiment et agrandissons les parties communes.


Des liens ont donc été créés avec les familles de résidents ?


Oui, on avait créé des liens forts avec les familles, c’est très important, en particulier pour les animations. Je me souviens que nous faisions des barbecues, des promenades et des pique-niques dans le Parc Montchervet. Nous faisions beaucoup de choses et des anecdotes, je pourrais en raconter …


Extérieur verdoyant et ombragé

A une certaine époque nous avions même organisé des vacances. Nous sommes partis une semaine dans le sud à Hyères avec 10 ou 12 résidents dans deux minibus. Nous étions accompagnées par une aide soignante et deux bénévoles, qui sont restées encore aujourd’hui des amies. Certaines résidentes n’avaient jamais vu la mer ; c’était leur rêve …

Nous avions installé des sièges pliants sur la plage où elles étaient toutes alignées, aux côtés de jeunes femmes qui se faisaient bronzer les seins. Cela avait alimenté la conversation et des fous rires … !


Avez-vous d'autres anecdotes ?


A l’ouverture, j’ai dû aller chercher une future résidente, Mme CARRAS de St Etienne des Oullières, complètement sourde. L’assistante sociale nous l’avait signalée et elle devait absolument s’installer chez nous. Nous avons donc programmé le déménagement avec ses quelques meubles personnels. Mais cela a été terrible, puisque cette personne seule ne voulait pas déménager. Il a donc fallu négocier et l’accompagner jusqu’au bout … Elle répétait souvent que dans la vie elle n’avait eu que les épines des roses, ça en dit long !


Je me souviens aussi d’une autre dame Mme ROCH qui fût notre première centenaire, un personnage, forte personnalité ancienne commerçante qui n’avait pas eu d’enfant mais très entourée par ses amis. Elle avait gardé précieusement depuis 80 ans, son petit couteau dont la lame était complètement usée mais qui servait toujours. Elle nous tricotait des pulls … Nous avons eu également la dernière garde barrière de St Georges qui nous tricotait des chaussettes !


C’est vrai que ce foyer logement était différent de l'EHPAD d’aujourd’hui, puisque les résidents étaient un peu plus valides. Il y avait aussi quelques couples et on ressentait beaucoup d'affection entre eux. La plupart des familles étaient très présentes, ce qui facilitait beaucoup notre travail.


Occupation intérieure parmi d’autres …


Vous pouviez compter sur des bénévoles pour les animations ?


Oui, dès le début, j’ai sollicité des personnes du village qui sont devenues des amies aujourd’hui. Je pense à Marie-Claire DRIEY qui s'occupait d’un club de peinture sur soie à St Georges. Elle animait des ateliers peinture sur soie, déco, des travaux manuels avec la fille d'un résident, Jocelyne Soulier. Il y avait des gens de l’extérieur qui venaient jouer aux cartes, à la belote ou au loto. Les enfants des écoles et de la Halte garderie nous rendaient visite. C'est vrai que ça a créé tout de suite une dynamique et renforcé les liens entre l’équipe, les résidents et leur famille. Nous organisions sur place un repas de Noël, avec près de 70 personnes et des musiciens …


Intérieur chaleureux et décoré pour les repas de Noël


Cette petite unité de vie est très précieuse à St Georges. De nombreux petits établissements de ce type ont disparu sur Lyon mais la qualité de prise en charge aux Jardins d’Anne a toujours été ma priorité. Nous parlions avec l’équipe “d’humanitude” et rien n’aurait pu se faire sans un personnel de qualité et très motivé. J’en profite encore pour les remercier de leur collaboration pendant toutes ses années qui restent pour moi un merveilleux souvenir même si ça n’a pas été toujours facile avec les contraintes sanitaires et financières.


Comment avez-vous recruté vos salariées ?


Monsieur Bellaton voulait que je recrute surtout des mères de famille et il a eu raison. On a recruté par exemple une ancienne maraîchère, une bosseuse incroyable. Et d’autres qui avaient besoin de travailler ou qui avaient de vraies qualités, même si elles n’étaient pas diplômées. Certaines étaient encore là à mon départ.


Le passage en EHPAD a changé beaucoup de choses ?


Oui, il a fallu embaucher des aides soignantes et des infirmières diplômées. J’ai dû passer aussi un diplôme de directrice d'EHPAD.


Le nouveau maire de l’époque en 2008, Mr Patrick BAGHDASSARIAN, a racheté le bâtiment à HVVS. J’ai toujours fait en sorte que ce bâtiment reste aux normes. Nous faisions des provisions comptables et des travaux étaient réalisés tous les ans. Il a été agrandi, en particulier pour répondre à une demande d’accueil de jour. Sauf qu’un autre établissement s’est installé à Belleville …


Le pouvoir des maires est en effet limité, et l’ouverture des lits est sous l’autorité de l’ARS et du département. 

Pour autant, nos relations avec les médecins de St Georges étaient excellentes, en particulier avec le docteur Pascal Mielle qui était le médecin coordonnateur.


Inauguration de l'extension en 2013

Pour terminer, pourquoi les Jardins d’Anne ?


C’est vrai que le choix du nom a été particulier. Les 3 Demoiselles FLEYTOU (Françoise Marie Aimée, Anne Andrée et Marie Rose), voulaient que l’établissement s’appelle “Sainte Anne”. Nous ne voulions pas de connotation religieuse et c’est pourquoi nous l’avons appelé “Les Jardins d’Anne”.


C’est un peu “mon bébé” et je pourrais vous en parler pendant des heures …


Isabelle entourée de son équipe le jour de son départ en 2016


Le Blog citoyen de St Georges remercie sincèrement Isabelle Brulé pour cette interview et ses précieuses anecdotes.


Les Jardins d'Anne organisent également le portage des repas et des courses

Si vous aussi, vous avez un retour d’expérience à partager, écrivez-nous sur BlogStGeorges@gmail.com.


Commentaires

  1. Notre conseillère départementale du canton, Sylvie Epinat, précise que l'EHPAD "Les Jardins d'Anne" est géré par la Commission Communale d'Action Sociale (CCAS) de la commune de St Georges.
    Les autres EHPAD du canton sont sous gestion de l'Hôpital Nord Ouest : Courajod à Blacé ,et Le Château du Loup à Gleizé.

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  2. Extrait de notre page Facebook :

    Marielle Guillat de Vergès

    Bravo Isabelle Brulé pour ton investissement aux Jardins d'Anne. Bel article, bravo.

    Rose Rose
    "Humanitude", c'est ce que j'ai toujours aimé dans mes 8 années passées aux Jardins d'Anne. Nous étions une vraie famille avec ses désaccords, ses rires, ses moments de folie, ses prises de tête, l'amour, de la tristesse mais tj tellement de bienveillance envers nos anciens ♥️ et tj solidaires.

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  3. C'est un beau témoignage que vous nous donnez à lire.
    Le sourire des soignantes et des bénévoles font plaisir à voir.
    Mme Bruley à fait une belle carrière dans cet établissement. Elle a été bien épaulée. Encore aujourd'hui à Saint Georges nous avons de la chance que les jardins d'Anne et la Résidence Fleytou perdurent pour les personnes âgées.
    Souhaitons que nous soyons bientôt aussi bien dotés pour la petite enfance.
    Bien amicalement

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  4. Le Progrès du 10/2/2024: Boulangerie, Ehpad : ces collégiens ont travaillé sur le thème de l’amour !

    𝗨𝗻𝗲 𝗯𝗶𝗲𝗻 𝗯𝗲𝗹𝗹𝗲 𝗼𝗽𝗲́𝗿𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻 qui "𝘢 𝘱𝘦𝘳𝘮𝘪𝘴 𝘥𝘦 𝘥𝘦́𝘷𝘰𝘪𝘭𝘦𝘳 𝘭𝘦𝘴 𝘣𝘪𝘦𝘯𝘧𝘢𝘪𝘵𝘴 𝘥’𝘶𝘯𝘦 𝘴𝘺𝘯𝘦𝘳𝘨𝘪𝘦 𝘦𝘯𝘵𝘳𝘦 𝘭𝘦𝘴 𝘫𝘦𝘶𝘯𝘦𝘴, 𝘭𝘦𝘴 𝘢𝘯𝘤𝘪𝘦𝘯𝘴, 𝘭𝘦𝘴 𝘦́𝘵𝘢𝘣𝘭𝘪𝘴𝘴𝘦𝘮𝘦𝘯𝘵𝘴 𝘴𝘤𝘰𝘭𝘢𝘪𝘳𝘦𝘴 𝘦𝘵 𝘭𝘦 𝘵𝘪𝘴𝘴𝘶 𝘦́𝘤𝘰𝘯𝘰𝘮𝘪𝘲𝘶𝘦 𝘭𝘰𝘤𝘢𝘭."

    Bravo à La Boulangerie Pâtisserie Peyquet, l'Ehpad Les Jardins d'Anne et les collégiens de Bois Franc, qui ont travaillé ensemble !

    📸 Retrouvez les photos de Véronique Vigne, correspondante du Progrès, cliquez ici.

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