Jean Gaillon, entrepreneur passionné et premier industriel à St Georges

Jean Gaillon devant son ancienne usine de St Georges
A tous mes amis que j’aime et qui font partie de ma vie. Pour que la mémoire ne s’efface pas”. C’est par cette dédicace que Jean Gaillon nous ouvre son livre et son école de la vie. Il est revenu quelques instants dans son village adoptif de St Georges, où il a été hébergé de 1960 à 2007. Soit 47 ans d’une vie citoyenne exceptionnelle, engagé au cœur-vaillant, chef d’entreprise paternaliste et innovant, élu municipal et bachelier intrépide à 72 ans …

Sa biographie extraits de son livre “Ma passion entreprendre”
  • 14 juillet 1937 : naissance à Paris, sa mère Lucile Bourquin décède 2 ans après
  • Guerre de 1939 : son père Robert Gaillon est appelé sous les drapeaux et le confie à des cousins Mr et Mme Moreau qui deviennent ses parents adoptifs
  • 1948 : à 11 ans, Jean s’engage avec le mouvement “Les Coeur-Vaillant”, sa “première école de ma vie” avec Jean Rendu (diriger par l’exemple)
  • 3 juillet 1951 : certificat d’étude à l’école Saint Laurent, près de la Gare de l’Est à Paris
  • 1953 : BEPC à l’école publique Etienne Marcel, non scolarisé, il quitte l’école
  • Août 1953 : Jean 16 ans est embauché à la Société Générale comme archiviste et réorganise le service avant d’être promu dans un autre service escompte et encaissement
  • 1954 : cours du soir pour obtenir un CAP de banque boulevard Haussmann, où il découvre le “coup du compte BIS”
  • Juin 1957 : service militaire, sans préparation militaire et sans bac, il est reçu à l'Ecole des Officiers de Réserve, basée à Cherchell et dans les montagnes du nord-ouest de l’Algérie. “Mon capitaine, vous pensez qu’il faut avoir son bac pour commander des hommes ?
  • Fin 1958 : nommé sous-lieutenant, créateur et animateur d’un Centre de Formation de la Jeunesse Algérienne
  • Noël 1959 : démobilisé après 28 mois de service militaire dont 24 mois en Algérie, avec le grade de Lieutenant.
  • 1960 : installation à St Georges, chez ses parents adoptifs à la retraite, Mr et Mme Moreau 
  • 1er février 1960 : reprise de l’activité de Mr Coeur, qui recyclait les bobines de films pour en extraire les sels d'argent et l’acétate de cellulose
  • 1961 : achat de sa toute première demeure au 43 avenue des tilleuls à St Georges (devenue avenue Léon Foillard quelques années après) ...
Le 43 avenue des Tilleuls devenu avenue Léon Foillard
Bâtiment Jean Gaillon de 1963
  • 1967 : de “artisanal” à “industriel” la S.A. GAILLON est inscrite au registre du commerce, avec une vingtaine de personnes
  • mai 1968 : le personnel refuse de faire grève “invoquant que dans l’entreprise il n’y avait pas de problèmes et qu’ils ne voulaient pas en créer …
  • 1971 : Jean Gaillon fait campagne municipale “pour dépoussiérer cette petite ville” contre le maire sortant Marc Geoffray qui laisse la place au Docteur Perdrix. Jean Gaillon fut 1er adjoint chargé des finances et des personnes âgées du maire suivant, Jean-Louis Bellaton durant ses 2 mandats … Nous évoquerons plus loin ses actions d’élus.
  • 1972 : à 35 ans, il est diplômé “Ingénieur en gestion et organisation des entreprises” et création d’une prime d'intéressement (“la rémunération subjective”)
  • 1973 : l'entreprise GAILLON SA rachète “FORMES et PLASTIQUES” et créée sa première filiale “GAILLON-PARIS”
  • 1973 : une cinquantaine de personnes, 8 machines de thermoformage dans 2 000 m2
  • octobre 1973 : premier choc pétrolier, les prix de matières plastiques explosent, “pourvu que nous n’ayons pas engendré un monstre …
  • fin 1974 : sortie de crise, nouvel élan, équipement moderne, nouveaux débouchés… grâce à la solidarité de tout le personnel de l’Entreprise GAILLON qui devient N°1 en France sur son secteur !
  • 1977 : seconde filiale avec "PLASTOCHIM" à St Genis Laval, spécialisée dans le thermoformage en continu
  • 1980 : troisième filiale avec “PLASTINORD” à Roubaix, spécialisée dans l’extrusion
  • 1980 : reprise de “CAROLEX” pour “un franc symbolique”, mais 1,5 MF de de dettes. Avec cette quatrième filiale, la Société GAILLON devient le LEADER incontesté de la profession
  • 1981 : reprise “forcée” de B.S.I, 2e fabricant au monde de planches à voile à Vitrolles en cessation de paiement. “Très dur parcours du combattant”, avant de revendre l’affaire à un amoureux du produit
  • 1983 : 1er prix d’honneur du dynamisme Rhône-Alpes, organisé par la Chambre de Commerce et la Jeune Chambre Economique
  • 1985 : les 25 ans de l’Entreprise ...
  • 1986 : réalisation d'un film par l'école d'Oyonnax, avec le personnel de l'entreprise Jean Gaillon, qui présente le thermoformage et l'extrusion :
  • 24 juin 1988 : cérémonie de transmission de l’Entreprise GAILLON à la Société GERLAND
Passage de relais en GAILLON et GERLAND

Et en dehors de la vie professionnelle

Lors de la vente de son Entreprise, Jean Gaillon n’a que 51 ans et il est bien loin d’une quelconque retraite. Le chapitre 4 de son livre décrit quelques unes de ses activités :
  • engagé, dans la Jeune Chambre Economique de Villefranche et du Beaujolais, sénateur, il y est membre à vie après avoir été Président de cette prestigieuse organisation mondiale, “poil à gratter” de l’administration
  • formateur-transmetteur pendant 10 ans,  au sein de sa propre "École des patrons”, pour les accompagner dans la gestion des hommes et des finances
  • servir d’abord avec le Rotary club de Villefranche, où il a été aussi Président en 2003-2004 avec des actions fortes en Egypte avec Soeur Emmanuelle
  • bachelier à 72 ans et doyen des Français 2009, Jean a fait la “UNE” du Progrès, de FR3 et de TLM … voir les reportages TF1 avec Jean-Pierre Pernaut de 2009 puis de 2020

Jean GAILLON reste toujours très attaché à son Entreprise et les salariés. Rachetée plusieurs fois, par les Anglais, puis un fond de pension Américain, puis un industriel Allemand, la Société Reneimoise a été mise en difficulté en janvier 2015.

Les Allemands souhaitaient fermer l’usine de St Georges et un collectif a été créé avec une grève importante et le soutien de Jean (voir le reportage de France 3 du 16/02/2015 et l’article sur le magazine Plastiques & Caoutchouc).
Sortie de crise réussie, puisque les Allemands sont finalement revenus sur leur décision de fermer et que l’usine de St Georges tourne très bien grâce aux salariés (voir l’article du Patriote du 23/04/2015).
BRAVO ST GEORGES et MERCI JEAN !

Petit retour arrière sur ses actions d’adjoint au Maire de St Georges
Jean Gaillon 1er adjoint au Maire de St Georges

Un très court chapitre (3 pages sur les 291 de son livre), évoque ses 24 années d’élu au service des citoyens de la commune de St Georges, qui l’a hébergé de 1960 à 2007. Quelques compléments s'avèrent nécessaires, et Le Blog de St Georges a interviewé Jean Gaillon il y a quelques jours.


Le Blog : on apprend dans votre livre, que vous vous êtes présenté aux municipales en 1971 contre la liste du maire sortant, pour "dépoussiérer cette petite ville”. Expliquez-nous ?
Jean : “La ville était gérée à La Papa. Les réunions se faisaient dans un étroit local, puis chez Jeannot ou chez Marguin, les 2 cafés en place …”

Le Blog : on comprend que vous avez refusé le poste de Maire en 1983, car cela aurait été au détriment de votre Entreprise. Ce choix n’a-t-il pas été trop dur à faire ?
Jean :  “Etre Maire demande beaucoup de disponibilité. J’avais déjà 200 salariés dans les 5 usines. S’engager en tant que Maire aurait été suicidaire. J’ai fait un choix, il n’y a rien à regretter”.

Le Blog : vous a été le 1er adjoint au Maire du Docteur Jean-Louis Bellaton pendant 2 mandats, soit 12 ans de 1983 à 1995. Quels ont été vos principales réalisations ?
Jean : “N’étant pas le patron, je me suis mis à la disposition du Maire, en faisant ce que je savais faire le mieux : les finances et la solidarité. Je préparai, présentai et expliquai toutes les lignes budgétaires. A l’époque, on menait une politique budgétaire de ses moyens et non pas de ses besoins. Cela n'est sûrement plus valable aujourd’hui … J’ai accompagné le Maire Docteur Jean-Louis Bellaton, dans la création de la maison de retraite Les Jardins d’Anne et j’ai été à l’origine de l’organisation du repas annuel pour les personnes âgées.”

Dernière question Jean : pouvez-vous nous dévoiler votre recette du “requin bleu” qui arrose toutes vos victoires ?
"Gin, Curaçao bleu, Champagne ou Crémant, Oasis et beaucoup de glaçons … pourquoi des glaçons ; parce que ça rafraîchit et c’est pas cher !"
Jean Gaillon et Bernard Marquet

Encore bravo Jean Gaillon et merci Bernard Marquet de nous avoir réuni !

Commentaires

  1. Quand on a travaillé à l'usine Gaillon, pour ma part dans les années 80, on a des anecdotes à la pelle, et on les retrouve dans le livre Entreprendre. Par contre, nous sommes heureux de nous retrouver chaque année en juin pour un repas fort convivial, avec celui qui reste paternaliste à souhait, toujours heureux de retrouver...presque ses "ouailles" ! Notre "J.G." qui n'a jamais coupé le cordon entreprise ! Marie-France

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  2. « Key Account Manager » ça c’est la définition d’aujourd’hui, en fait j’étais vendeur, salarié de Borg-Warner Chémicals producteur leaders mondiale sur le marché de l’ABS.
    Plus de quarante ans après mes 1er contacts commerciaux avec la société Gaillon, Jean Gaillon fait toujours parti de mes amis.

    J’aurais des dizaines d’anecdotes à relater, parmi celles-ci deux grands moments : Vienne 1) 1986 (Autriche) et 2) les négociations des hausses des matières. (1er et 2ème choc pétrolier)
    1) « Le thermoformage le parent pauvre des matières plastiques »
    Intervention de Jean Gaillon convié à intervenir lors d’une réunion des forces de ventes Européenne de Borg Warner.
    2) Nous étions le directeur commercial et moi-même convié à diner par et chez Jean Gaillon. Le dîner préparé par Yolande son épouse, se déroulait dans une parfaite convivialité. Ce n’est qu’au dessert que les choses désagréables venaient gâter la bonne ambiance.
    Débutait alors une discussion de marchands de tapis pour quelques…centimes de moins d’un côté, naturellement, et de plus de l’autre, qui pouvait s’éterniser jusqu’à une heure avancée de la soirée, voir au début du jour suivant. Bon, ne sachant pas qui était gagnant ou perdant, nous tombions enfin d’accord. La fatigue se faisant sentir on se souhaitait une bonne nuit, un peu courte. Et nous nous donnions RV pour le lendemain, pour rencontrer quelques cadres de la société : Commerciaux, production etc. pour définir comment BWC pourrait améliorer et comparer ses performances objectivement, tant sur les matières et services, de nos principaux concurrents, dont la liste n’était pas très longue à faire. Le « benchmarking » était à ses débuts.

    Mais ça c’était un temps que les commerciaux de 30 ans ne peuvent pas connaitre !!
    Le relationnel fournisseurs clients.

    Bernard Marquet

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  3. Merci à vous Mr Gaillon, papa aurait été ravi de lire et visionner ces vidéos de son parcours professionnel.
    Merci pour votre geste chaque année en sa mémoire.

    Gisele Coulon Servigne

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  4. S'agissant de Jean Gaillon chef d'entreprise.
    Orphelin, élevé par une tante et un oncle ouvrier boulanger, Jean Gaillon au retour d'Algérie sans un sou en poche, a créé de toutes pièces une entreprise de thermoformage en matières plastiques jusqu'à devenir le numéro un en France.
    Je ne reviendrai pas sur le parcours extraordinaire d'un self made man.
    Ce dont je peux par dessus tout témoigner, c'est de l'aspect exceptionnellement social qui animait cet homme : salaires de 13 à 15 mois, intéressement aux bénéfices de l'entreprise. Promotion exceptionnelle d'ouvriers non qualifiés au moment de l'embauche, rapports emprunts d'humanisme et aides financières anonymes multiples non seulement pour des salariés en difficulté, mais aussi en faveur d'habitants de Saint-Georges qui n'avaient rien à voir avec l'entreprise, en particulier des mères seules et des familles accablées ...

    Jean Louis Bellaton,
    Médecin de famille sur la commune de 1974 à 2019, maire de Saint-Georges de 1989 à 2008 et ancien conseiller régional.

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  5. Monsieur Jean Gaillon, un patron très paternel avec ses ouvriers.
    Combien de fois j’ai entendu mon père dire tout le bien qu’il pensait de son patron qui lui rendait bien ! Des anecdotes j’en ai entendu beaucoup à la maison. Le jour de l’enterrement de mon père, Monsieur Gaillon a demandé au cimetière à prendre la parole. Le discours qu’il a fait, cela je ne l’oublierais jamais. Merci pour ce moment Monsieur Gaillon.

    Bruno Dury

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