Méfiez-vous des trous

Des trous de mémoires, notre poète anticonformiste Georges Marguin n’en a pas du trou, pardon, du tout. « Il faut s’attendre à tout quand on a des trous » nous dit-il. En tout cas, Georges se méfie de tous les trous …

Les trous

Me voici tracassé par les trous,
Il y’en a partout des trous.
Il y’en a des petits
Semblables à des nids,
Et aussi des maousses
Qui m’fichent la frousse
Des où on pourrait choir dedans
Et s’y fracasser toutes les dents
C’est pas du tout marrant,
Plutôt effrayant,
Parce que du jour au lendemain
Par la faute d’un de ces gredins
Votre tête posée sur votre cou
Subitement n’est plus dans le coup
Tout à coup les souvenirs
Poliment, lentement, se retirent.
Ils sont partout des trous béants
Il y’en a dehors et aussi dedans
Dehors on peut les éviter
Mais dedans, vas te gratter !
Les souvenirs, dans l’fichu trou
Sont tombés, on ne sait plus où,
On ne sait plus quand.
Tous les soirs, c’est le trou noir
C’est le désespoir,
Essayer de les récupérer
Ces souvenirs qu’on a oubliés.
Quelqu’un les a peut-être trouvés.
Et peut-être même gardés,
Faut s’attendre à tout
Quand on a des trous.
Tiens, pas plus tard qu’hier,
Un gars du nom d’Alzheimer,
Gentiment s’est proposé
De nous aider à les retrouver
Ces souvenirs qu’il a barbotés
Ou de sauver ceux qui restent.
Celui-là il est pire que la peste.
La peste t’envoyait au trou
Directement, lui, pas du tout.
Il prend son temps le filou.
C’est pour cette raison voyez-vous
Que je dis méfiez-vous des trous,
Même ceux d’la route du cimetière
Ou ceux d’la route de Port Rivière.

  @Georges Marguin le 27 mai 2022

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